Une (non) foi décomplexée

Disons le tout cru, vu de Stockholm, les français sont un peu malades dans leur tête lorsque l'on aborde les questions de religions et de vie de la cité. Sur Stockholm, point n'est besoin de se chercher des poux dans la tête à chaque occasion. Les guerres entre sphère laïque et sphère religieuse n'ont pas lieu d'être.

Le taux de suédois qui assistent à l'office est incroyablement bas. Nous sommes objectivement dans une société presqu'athée, et qui perd progressivement ses racines culturelles chrétiennes. Mon impression et qu'il n'y a pas de militantisme là dessous, juste un manque d'intérêt. Cependant, il y a un fort respect des athés vers les croyants, et vice vera.

Par exemple, une Eglise qui accueille un concert sera bien entendu l'occasion pour le Pasteur de proposer à toute l'assemblée de prier ensemble avant le concert. Que 98% des gens présents n'y voient aucune présence divine n'a aucune importance. Nous sommes dans une Eglise, nous respectons donc cette Eglise et ce qui s'y déroule, y compris un temps de silence permettant aux autres de prier.

Il en est de même dans les écoles, ou l'on trouve des cours de religion. Il s'agit là de culture, tout simplement. Quoi de plus naturel ? Ne fêtons nous pas Noël, Pâques, etc ? Autant savoir d'où cela nous vient.

Cette entente qui va de soi n'est peut être pas étrangère au caractère concensuel des suédois. A mon avis, il 'agit même d'une évidence. Le respect du prochain, d'une certaine manière...

Enfin, on notera que les suédois payent (ou ne payent pas) un impôt de 1% pour leur communauté de foi. Cet argent est réparti entre les instances de l'Eglise de suède, les catholique, les juifs, musulmans, etc (8 religions en plus de l'Eglise de Suède). D'une certaine manière, les gens assument leurs convictions. Je repense à l'attitude consumériste des français vis à vis de leur Eglise catholique ("J'y ai droit, et puis d'abord c'est gratuit, et puis de toute façon l'Eglise a plein de sous"), comme si les prêtres ne vivaient que de prière... J'ai toujours été désolé de cette attitude ignorante, revendicatrice, et consumériste.

Enfin, une bizzareté dans un pays très peu religieux dans sa pratique : la séparation de l'Eglise de Suède (protestante luthérienne) et de l'Etat date d'il y a une dizaine d'années, pas plus. Encore aujourd'hui, les liens existent bien plus qu'on ne saurait supporter dans l'hexagone. J'ai entendu que les partis politiques ont leur mot à dire dans la nomination des évêques, par exemple.

La première chose qui me vient à l'esprit quand j'entends parler de la France et de notre manie de séparer à tout prix (et jusqu'à l'absurde) la sphère laïque et la sphère religieuse, c'est que les français sont des adolescents complexés. Les tenants d'un mur de Berlin entre les deux sphères n'ont jamais réussi à devenir adultes, et à accepter leur héritage culturel. Un adulte doit vivre avec l'existence de ses parents et de sa culture, quitte à ne pas l'approuver, mais avec un certain respect. Ils en sont encore au stade du rejet pur et dur.

Certains croyants ne sont pas bien plus évolués; avec des prises de position fort peu intelligentes (ne pas accepter de voir un médecin de l'autre sexe, s'opposer à la présence de préservatifs dans les pharmacies, j'en passe...)

Venez donc grandir un peu par chez nous. Vous verrez qu'un respect mutuel n'entraîne en rien une assimilation ou une prise de pouvoir. Juste une vie plus simple et décomplexée.

NB: Nous sommes catholiques engagés depuis longtemps.