Professionnellement, les suédois n'ont en général pas les dents qui rayent le parquet. Au contraire, ils cherchent à faire ce dans quoi ils sont efficaces; mais ne cherchent pas les honneurs ou les responsabilités à tout prix.
Il n'est pas rare de voir des carrières avec des hauts et des bas, dans une seule et même société. En France, une personne qui descend dans la hiérarchie en a honte, car c'est un échec. Et ses collègues le font bien savoir...
Ici, on voit des personnes demander à quitter un rôle de manager, faute d'intérêt pour la fonction. Ils ont très pragmatiques : si la société doit se restructurer et que cela les impacte, ils regardent cela avec du recul : "est-ce que j'ai un poste qui me plaît" (et non, "Est-ce que je garde mes honneurs"). Ce n'est pas la même logique.
Cela se traduit aussi sur les salaires : des experts peuvent être extrêmement bien payés. Il n'est pas rare du tout de voir des supérieurs hiérarchiques moins bien payés que leurs subordonnés.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'un "manager", après tout ? En fait, ce n'est qu'une personne comme les autres qui se trouve avoir un rôle d'organisation du travail. Quant aux processus de décision sur les orientations techniques, par exemple, ce n'est bien entendu pas au manager de les prendre, mais aux experts. Le manager est là pour aider l'équipe à prendre les bonnes décisions. Et ce qui se voit régulièrement en France (le manager écoute les avis puis prend une décision technique) n'est pas ce qui se fait ici : le manager organise le débat qui fait que le groupe prend la bonne décision.
Les suédois sont en effet faits pour travailler en équipe. Ils ont heureux s'ils réussissent à résoudre un problème en groupe. Mettre plusieurs personnes brillantes dans une même équipe est (très souvent) une très bonne idée. Ils cherchent naturellement à collaborer... et passent des heures et des heures en réunion pour valider s'ils sont bien d'accord. Par contre, une fois les décisions prises en groupe, c'est l'ensemble des forces qui est mis en commun, ce qui est efficace.
Par contre, mettre la pression sur une seule personne est très, très mal perçu; et ce par la société dans son ensemble.
On remarquera aussi qu'il existe dans tout projet des tâches un peu ingrates, que quelqu'un doit faire de toute façon. Dans le groupe, il y aura souvent quelqu'un pour s'y coller. Mais ne vous y trompez pas ! Ce n'est pas toujours le même, et pas toujours celui qui est le moins compétent, loin de là. Si vous croyez cela et donnez une faible augmentation à celui qui s'est sacrifié pour le groupe, préparez vous à des moments difficiles avec tout le monde. Ca ne se fait pas de punir celui qui a fait preuve de la meilleure volonté !
Du fait des congés maternité et paternité à rallonge, les entreprises se doivent d'être organisées pour permettre aux connaissances d'être distribuées parmi plusieurs personnes. Les gens qui rentrent après 1 an d'absence se voient souvent confiés des rôles très différents de celui qu'ils avaient auparavant.
Une culture du groupe, donc, avec ses moins (que de réunions...) et ses plus (belle efficacité).
Ce sont les collaborations internationales qui doivent être amusantes...
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