samedi 17 novembre 2007

Une naissance suédoise

Mardi soir, il n'y eut plus de doute : bébé souhaitait venir au monde, et Delphine en subissait les conséquences à intervalles réguliers. Nous avons donc vécu dans les heures qui ont suivi une naissance dans un environnement suédois, qui diffère quelque peu de son équivalent français.

Pour commencer, nous téléphonons à l'hôpital duquel nous dépendons, histoire de savoir que faire. (C'est un peu une constante médicale en Suède. Si vous avez un problème de santé, il faut d'abord une consultation téléphonique.) Première réponse: les contractions ne sont pas assez fréquentes, rappelez lorsqu'elles seront espacées de 4 à 5 minutes.

Une heure plus tard (3 h du mat), les contractions se rapprochent, de plus en plus fortes. Nous téléphonons de nouveau, et fort gentiment, la personne que nous joignons nous explique qu'il n'y a plus de place pour accoucher chez eux, mais qu'elle va chercher une place ailleurs. Peu après, nous sommes attendus à Södersjukhus; et nous partons derechef en voiture (sur une neige bien verglacée, ce qui ne rassure pas Laurent…).

Arrivés là bas, Delphine est accueillie pendant que Laurent gare la voiture: une chambre, un monitoring, et des personnes attentionnées qui vous offrent à boire. Ce sera le cas pendant toute la durée du travail : le personnel est aux petits soins avec les parents (papa compris). "Voulez vous un café, un thé, un jus de fruit ?" "Tenez, aidez-moi en faisant ceci ou cela."

Ce qui est frappant, c'est que le centre même de l'attention du personnel est avant tout le vécu des parents. L'ambiance est calme et détendue, les gens qui entrent sont sympathiques, se présentent avec un grand sourire, écoutent ce que dit Delphine (soit en suédois, soit en anglais) et sont très attentifs à lui rendre ce moment aussi agréable que possible. Certains osent des petites phrases en français, histoire de rendre les conditions plus familières.

Delphine se voit proposer du gaz qui la saoule un peu, histoire de supporter les contractions qui se font nettement plus fortes. "Certaines aiment, certaines détestent", paraît il. En tout cas, Delphine semble avoir bu une bonne bouteille de vendanges tardives après chaque contraction. Et cela l'aide sans aucun doute à les supporter.

Lorsque la naissance même se rapproche un peu, on nous demande dans quelle position Delphine souhaite accoucher. Devant notre ignorance en la matière, on nous en décrit plusieurs. Nous avions déjà vu des photos très explicites d'accouchement debout, et Delphine se voit proposer assise, accroupie, ou sur le coté. Mais la position classique française semble assez peu fréquente.

Moment critique. Il est temps de pousser pour aider bébé à venir. Encore une belle différence avec la France : Delphine pousse quand elle veut. En France, une sage femme (très sympathique d'ailleurs) avait joué le rôle du coach, et avait nettement dirigé les évènements, en fonction des contractions qu'elle suivait sur un monitoring. Ici c'est la femme qui choisit. Il n'y a plus de monitoring permanent, mais on écoute ponctuellement le cœur du bébé. Quand Delphine demande s'il lui faut pousser, on lui répond que c'est quand elle veut. Nature, nature…

Ca y est, bébé est là, c'est une fille ! Albane est posée tout de suite sur le ventre de maman. Je me souviens nettement qu'en France, Samuel avait été presque tout de suite emporté pour faire un lavage et quelques examens de routine. Ici non. Bébé est posé sur le ventre de sa mère, pendant 2 heures, directement.

Peu de temps après, une jeune femme nous apporte des sandwichs, 2 flutes du "champomy" suédois, et un bon chocolat chaud. Super sympa !

Nous demandons quand les soins du bébé sont prévus. La réponse est simple : jamais. Ou du moins, pas à l'hôpital. Il parait qu'il n'est pas nécessaire de laver l'enfant pendant une semaine, car les sécrétions dont il est recouvert le protègent. La nature fait bien les choses ! Ils conseillent de ne pas donner de bain tant que le cordon n'est pas tombé, et les soins du cordon se résument au néant.

Par contre ils font quelques examens de routine plusieurs heures après l'accouchement (poids, taille, et quelques contrôles qu'ils nous expliquent en détail avant de les faire)

Autre différence franco-suédoise, Delphine peut aller prendre une douche 2 heures après l'accouchement.

Après quelques heures, nous déménageons dans une autre chambre, dans un service qui accueille les nouveaux nés et leurs mamans… et quelques papas aussi, qui peuvent dormir sur place. Mises à part quelques visites au départ, il est honnête de dire que c'est le calme plat dans cette chambre. Il n'y a de visite de sage femme que si vous le demandez, pas de contrôle explicite des aspects gynécos, sinon au travers de quelques questions. Même les repas se prennent dans une salle commune, et personne ne vient apporter de plateau repas.

Mais ils nous ont expliqué pourquoi, et c'est tout simple : Tout d'abord, les contrôles médicaux sont bien faits, mais ils le sont avant tout au travers de questions à la mère au détour d'une conversation. Ensuite, le plus important est la relation mère-enfant qui se noue, et par conséquent, personne (et surtout pas le personnel) ne doit perturber ces moments privilégiés. Enfin, si nous avons besoin de quoi que ce soit, il faut demander; et il est vrai qu'ils sont immédiatement et fort gentiment disponibles, attentifs à toutes nos questions… et aussi curieux des différences avec les habitudes françaises.

Lors des changements de service, nous avons tout de même la visite d'une sage femme qui vient tout simplement se présenter; dont une qui parle quelques mots de français. Et puis, à J1, un pédiatre est passé, et pour le coup, a passé du temps avec Albane.

Un axe sur lequel il n'est pas nécessaire de demander de l'aide, c'est l'allaitement. Considéré comme quasi indispensable, l'allaitement fait l'objet de toutes les attentions. La sage-femme qui nous suit passe de grands moments à discuter de cela, à expliquer ce qui se passe, comment faire pour que cela se passe bien, etc. Je l'avais entendu auparavant de la part d'une jeune maman : ne pas allaiter n'est pas accepté socialement, tout simplement. Mais le corps médical met tout en œuvre pour que cela se passe au mieux.

Enfin, à quelle date rentrer chez soi ? Il ne se passe tellement rien dans cet hôpital que la tentation est grande de mettre les bouts. Mais si l'on demande "quand est-ce qu'il faut rentrer chez soi", il semble que la question soit mal posée. La bonne question est : "quand est-ce que je me sens de rentrer chez moi ?" Le corps médical est attentif à ce que l'arrivée de bébé se passe bien dans la famille, alors c'est à nous de voir.

Du début à la fin, le plus important aura donc été le vécu, le bien être, et la confiance en la nature qui fait bien les choses.

1 commentaire:

Claire a dit…

Félicitations ! une belle aventure naturelle ! tout le monde à l'air en super forme !
biz
claire